Santiago de notre correspondante
«Qui y aurait pensé ? Aujourd'hui, devant ce Congrès réuni au complet, vous parle une femme présidente. Présentes aussi, mes dix ministres et mes quinze sous-secrétaires femmes.» C'est par ces mots que Michelle Bachelet, à la tête du Chili depuis le 11 mars, a entamé le traditionnel discours du 21 mai, qui présente le bilan de l'exécutif au Congrès. Car si, en soixante-dix-huit jours de mandat, la socialiste n'a pu lancer de grandes réformes, elle a toutefois réalisé une véritable petite révolution : la parité hommes-femmes au niveau des ministres, des sous-secrétaires et des intendants (comparables à nos préfets) dans un pays considéré parmi les plus conservateurs d'Amérique latine. Le Chili a promulgué une loi de divorce il y a tout juste deux ans, l'avortement reste encore illégal et le machisme une valeur sûre.
Elites renouvelées. Du jamais vu sur le continent, une première sûrement mondiale. Michelle Bachelet a imposé trente-deux femmes à la tête du pays, mais aussi des visages nouveaux, plus jeunes, parmi les hommes. Elle a réussi le tour de force de renouveler les élites de sa coalition politique, la Concertación, au pouvoir depuis quinze ans déjà. Et la première présidente élue d'Amérique du Sud n'a pas l'intention de s'arrêter en si bon chemin. Elle souhaite impulser une «loi des quotas» pour obliger les partis à présenter plus de femmes aux élections législatives. Car elles ne représentent aujourd'hui que 15 % de la Chambre des député