Moscou de notre correspondante
Description des blessures, détail des couleurs des vêtements, énumération jusqu'à la barre de chocolat des objets retrouvés dans l'école, répétition des témoignages de survivants... Pendant deux semaines, le président de la Cour suprême de Vladikavkaz aura lu un verdict surchargé de détails avant d'arriver enfin à sa conclusion, vendredi : peine de mort, aussitôt commuée en prison à vie (car la Russie s'est engagée auprès du Conseil de l'Europe à respecter un moratoire sur les exécutions) pour Nourpachi Koulaïev, 25 ans, le seul terroriste rescapé de la prise d'otages de Beslan, qui a fait 331 morts en septembre 2004. Quelques-unes des mères de Beslan, silhouettes creusées par le malheur, qui, depuis deux semaines, s'infligeaient le supplice d'entendre encore une fois énoncées toutes les souffrances dans lesquelles sont morts leurs enfants, se sont jetées sur la cage de l'accusé à l'énoncé du verdict. «Ce sont des fables, des inventions», marmonnait celui-ci, jeune Tchétchène qui assure avoir été entraîné dans cette prise d'otages par son frère aîné, mort dans l'assaut final avec les 30 autres terroristes.
Mise en scène. En faisant ainsi durer l'énoncé du verdict (comme le tribunal de Moscou l'avait déjà fait l'an dernier pour le procès de l'oligarque Mikhaïl Khodorkovski), la justice russe aura voulu donner l'impression d'une investigation particulièrement scrupuleuse. Mais cette mise en scène morbide n'a fait qu'aviver douleur et désespoir