à Auschwitz
Les mots sont en allemand : «Seigneur, tu es le Dieu de la paix...» Dans ce qui fut l'usine de mort d'Auschwitz-Birkenau résonne pour la première fois dans une cérémonie depuis la libération du camp, il y a soixante et un ans, la langue de ceux qui exterminèrent là plus de 1,1 million de personnes de toutes origines, dont 1 million de juifs. Le chancelier Helmut Kohl, en 1989, ou le président allemand Roman Herzog, en 1995, s'étaient recueillis en silence. Devant le mémorial de gros blocs de pierre noire de Birkenau, l'ex-cardinal bavarois Joseph Ratzinger a voulu prononcer une prière dans sa langue maternelle pour appeler à la réconciliation.
C'est ensuite en italien qu'il a reconnu, dans son discours, toute la difficulté «pour un chrétien et pour un pape venu d'Allemagne» de prendre la parole «dans ce lieu d'horreur, d'accumulation de crimes contre Dieu et contre l'homme ne pouvant être comparée à aucune autre dans l'Histoire». Il connaît le poids des mots. Il sait qu'ils seront disséqués lors de cette étape historique qui clôt son voyage de quatre jours en Pologne, sur les traces de Jean Paul II.
Polonais et donc fils d'un pays victime, Karol Wojtyla fut, en 1979, le premier pape à se rendre dans ce qu'il appela «le Golgotha du monde contemporain», une métaphore évoquant le lieu où le Christ vécut son martyre, ce qui déchaîna l'indignation des nombreuses organisations juives. Jean Paul II sut ensuite trouver d'autres mots et devenir le pape le plus profondément e