Berlin de notre correspondante
Les Allemands n'arrivent pas vraiment à célébrer leur pape en «héros». Le 20 avril, le quotidien populaire Bildzeitung avait accueilli l'élection du cardinal bavarois, Joseph Ratzinger, par un tonitruant «Wir sind Papst !» («Nous sommes pape !»). Un an plus tard, alors que Benoît XVI allait se recueillir à Auschwitz, les médias sont restés d'une discrétion étonnante.
Jeunesses hitlériennes.
C'est étrange si l'on songe que ce pape appartient à la génération qui a connu la guerre. Inscrit de force aux Jeunesses hitlériennes en 1938 (les nazis convaincus y envoyèrent leurs enfants dès 1934), le jeune séminariste a ensuite été enrôlé dans la défense antiaérienne. A l'étranger, cette visite à Auschwitz revêt une importance aussi forte que l'agenouillement, en décembre 1970, du chancelier Willy Brandt au mémorial du ghetto de Varsovie. «A cette époque-là, il y avait un sentiment d'urgence qui n'existe plus aujourd'hui, estime le juriste Christoph Schönberger, spécialiste des rapports entre Etat et Eglise. Les Allemands sous-estiment l'importance de cette visite parce qu'il y a une forme de banalisation du geste de contrition. Il est devenu naturel que chaque chancelier se rende en Pologne et y tienne un discours fort.»
Les Allemands, répartis à égalité entre catholiques et protestants, voient d'abord la visite du pape en Pologne comme un «événement intracatholique». «Il est pape avant d'être allemand et son incapacité à jouer un rôle fédérateur témoigne