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Afrique du Sud : sécurité en grève

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Les gardes privés réclament des augmentations de salaires.
publié le 30 mai 2006 à 21h24

Johannesburg de notre correspondante

«Nos patrons doivent réaliser que nous sommes des êtres humains !» lance Innocentia Tisana, 32 ans, garde de sécurité depuis 1998. Elle n'est plus payée, comme les milliers de ses collègues en grève depuis le 23 mars. C'est le mouvement social le plus long et le plus violent depuis la fin de l'apartheid, il y a un peu plus de dix ans. Pourtant, le secteur de la sécurité est florissant en Afrique du Sud.

Salaires moindres. Suite à l'explosion de la criminalité, tous les immeubles, centres commerciaux, quartiers résidentiels et rues du centre-ville sont surveillés jour et nuit par 250 000 gardes. Ces derniers sont plus nombreux que les policiers, au nombre de 170 000, mais touchent moitié moins. «Je travaille douze heures par jour, sans une pause déjeuner, pour 1 700 rands [environ 220 euros] par mois. Je n'ai pas d'espoir de pr"omotion et je peux perdre mon travail du jour au lendemain !» se plaint Innocentia, qui vit dans une pièce avec trois enfants.

Fort de ses 37 000 membres dans le secteur, le syndicat Satawu (South African Transport and Allied Workers Union) mène le combat. Les employeurs refusent de négocier sous la menace de la grève. Ce bras de fer a entraîné des grévistes de plus en plus désespérés dans une spirale de violence. Les principales victimes sont leurs collègues non grévistes : pas moins de 20 gardes rentrant de leur travail ont été tués dans des trains depuis un mois. La plupart ont été tabassés, puis jetés des wagons en