Berlin de notre correspondante
Considérée comme hautement symbolique, la visite, dimanche, du pape Benoît XVI à Auschwitz a laissé une impression mitigée en Europe. Il restera, comme le relevait hier le quotidien allemand Bildzeitung, l'image forte d'un «pape allemand, le fragile Benoît XVI, qui pénètre dans l'usine de mort d'Auschwitz, sous le slogan cynique des nazis "le travail rend libre"». Mais il restera aussi des paroles, jugées problématiques dans le reste de l'Europe. Insistant sur sa présence «en tant que fils du peuple allemand», le souverain pontife a attribué la responsabilité des crimes nazis à un «groupe de criminels» ayant «abusé» le peuple allemand et a interprété les crimes de l'Allemagne hitlérienne contre les Juifs comme une «attaque contre le christianisme», se gardant bien d'évoquer le rôle peu reluisant du Vatican durant le IIIe Reich.
Réducteur. Très remontée, la communauté juive italienne a stigmatisé le côté «réducteur» de cette vision du nazisme et de la Shoah et estimé que la réconciliation entre judaïsme et christianisme était loin d'être achevée. La presse espagnole, de son côté, a accusé le pape de vouloir «exempter» le peuple allemand de sa responsabilité dans les crimes nazis.
En Allemagne aussi, les intellectuels ont accueilli le discours du pape avec réprobation. L'historien Peter Schöttler s'étonne du fait que le cardinal Ratzinger n'ait même pas fait allusion à sa participation, même forcée, aux jeunesses hitlériennes. «Le pape a tenu un dis