Santiago de notre correspondante
«Les carabiniers sont une honte pour le Chili.» Choqué, le présentateur vedette de la chaîne de droite, Chilevision, a ainsi débuté mardi son journal du soir. Face aux élèves du secondaire, de 12 à 18 ans, manifestant pacifiquement à l'occasion d'une journée nationale de grève, les forces spéciales ont attaqué aux lacrymogènes et aux lances à eau. Les images ont provoqué l'indignation : une jeune fille en uniforme scolaire rattrapée en pleine course par les cheveux. Ou encore ce cameraman de télévision, au sol, frappé à coups de pied. Les carabiniers ont admis des «excès injustifiables», mais on se croyait revenu au temps de la dictature. Bilan : des blessés et 730 arrestations.
Hormis ces incidents, la plus importante manifestation étudiante jamais vue au Chili s'est déroulée dans le calme et la fête. Pour éviter les violences, beaucoup des 800 000 élèves du secondaire, rejoints par les étudiants, les professeurs et les parents, ont occupé leurs collèges et lycées plutôt que la rue. Inventifs, apolitiques et organisés, ils ont le soutien de tout le pays. Ce qu'ils réclament ? La gratuité des tickets de bus pour les plus pauvres, ainsi que celle du baccalauréat, payant au Chili. A long terme, le retour à une éducation publique de qualité, pour tous.
En 1990, le général Pinochet avait ouvert l'enseignement au secteur privé. Seize ans plus tard, «les enfants de la démocratie» nés après la dictature qui a duré de 1973 à 1990 reçoivent une éducat