Rome de notre correspondant
Symboliquement, l'une des premières mesures du nouveau gouvernement italien de centre gauche est de tourner la page des années de plomb. Trente-quatre ans après l'assassinat du commissaire de police Luigi Calabresi, en mai 1972, et neuf ans après son incarcération pour ce crime qu'il a toujours nié, l'ancien militant d'extrême gauche Ovidio Bompressi a été gracié en l'espace de quelques heures.
Controverse. Le nouveau garde des Sceaux du gouvernement Prodi, Clemente Mastella, dont c'était le premier acte officiel, a présenté mercredi la demande de grâce au nouveau chef de l'Etat, Giorgio Napolitano, qui l'a immédiatement signée. «Le cauchemar est terminé», a déclaré l'ex-dirigeant de Lotta Continua (LC), dont la condamnation avec Adriano Sofri et Giorgio Pietrostefani constitue l'une des affaires les plus controversées de l'histoire politico-judiciaire de l'Italie. D'ici à la fin de l'année, une mesure de clémence similaire devrait bénéficier à Adriano Sofri, qui, lui, n'a jamais demandé sa grâce. «C'est une période historique qui commence à se refermer», s'est félicité le sénateur (démocrate de gauche) Gerardo D'Ambrosio, qui fut pourtant procureur lors du procès des trois activistes à Milan.
Condamnés à vingt-deux ans de prison, au terme d'une cascade de huit procès, Ovidio Bompressi et Adriano Sofri ont toujours clamé qu'ils étaient étrangers à l'élimination du policier soupçonné d'avoir provoqué la mort, en 1969, de l'anarchiste Giuseppe Pinelli.