A Lima
Analyste international, spécialiste de la région andine en Amérique latine et chroniqueur au quotidien péruvien Perú21, Ramiro Escobar revient sur les particularités du scrutin présidentiel de dimanche.
L'élection se joue-t-elle entre deux gauches, l'une sociale démocrate, l'autre plus autoritaire et populiste ?
Il faudrait voir si l'Apra (1) d'Alan García est vraiment de gauche. Le parti a été fondé au début du siècle dernier et a souvent zigzagué, jusqu'à parfois soutenir la droite. C'est certes un parti vertébré, le seul à avoir traversé le siècle, et qui se veut «révolutionnaire», mais il n'a pas une tradition de gauche comme on pourrait le dire du PSOE espagnol ou du Parti des travailleurs de Lula, au Brésil. Les sympathisants ont l'habitude de dire que l'Apra «ne meurt jamais», ce qui est selon moi une façon de dire que ce parti est prêt à tout pour rester en vie. Au Pérou, on dit aussi que l'Apra est un fusil à double canon, un de droite et un de gauche. Ollanta Humala, lui, est un ex-militaire, et il est sérieusement mis en cause sur la question des droits de l'homme [à l'époque où il participait à la répression dans une zone de l'Amazonie contre le terrorisme du Sentier lumineux, ndlr]. Certes, des gens de gauche le soutiennent, mais dans la vraie gauche traditionnelle péruvienne, ils ne sont pas si nombreux que ça. Son parti, le Parti nationaliste péruvien (PNP), a été créé de toutes pièces l'an dernier, trop tard, selon la loi péruvienne, pour se lancer dans l