Il faut d'abord fermer les yeux et se concentrer pour imaginer la place Venceslas d'alors. Sans le McDo, le Marks & Spencer, les publicités géantes sur les murs, les travaux de rénovation, les voitures qui tournent en quête d'une place de parking, et les grappes de touristes qui, dès le matin, s'entrecroisent, les uns montant vers le Musée national, les autres descendant vers la place de la Vieille-Ville.
En novembre 1989, lorsque se déroule la Révolution de Velours, la place Venceslas (Vaclavske namesti) est un lieu sinistre et désert 750 mètres de long, 60 de large , un centre-ville aussi accueillant que les boulevards extérieurs parisiens, comme seules les capitales des pays de l'Est en abritaient. Il y avait la Maison de la mode, où sur des étages entiers on avait le choix entre des robes-sacs et des tabliers à fleurs, la Maison de la chaussure, où des modèles en simili cuir s'alignaient tous pareils, le siège de la compagnie d'aviation Aeroflot, etc. Dans les guides de l'époque, les communistes se vantaient d'avoir fait construire sous la place un passage souterrain qui, aux heures de pointe, pouvait accueillir 30 000 piétons à l'heure.
Le balcon de Vaclav Havel
Devant le numéro 36 de la place, Zdenek Rajnis, qui a participé à la révolution de Velours, désigne de la main le balcon où Vaclav Havel s'est adressé pour la première fois, le 21 novembre 1989, aux centaines de milliers de manifestants qui réclamaient la chute du communisme. Le dramaturge dissident, qui a passé cinq années en prison, e