Lima envoyé spécial
«Ça fait longtemps que nous allons vers le bas, toujours plus bas.» A même le trottoir, près de la place San Martin, au centre de Lima, Liliana vend aux passants bonnets et chaussettes, tout en s'occupant du dernier de ses six enfants, Kevin, 2 ans. En moyenne, elle en vend pour une quinzaine de «soles» (3 dollars), soit deux ou trois soles de bénéfice, «un peu plus les jours de fêtes». Son mari vit aussi de petits boulots. «Au Pérou, il n'y a pas de travail, pas d'argent. On n'attend plus rien, personne ne s'occupe du peuple.» Liliana fait partie de ces millions de Péruviens qui vivent toujours sous le seuil de pauvreté, et n'ont que 2 dollars ou moins à dépenser chaque jour. Hier, sans grande conviction, elle a voté pour Ollanta Humala, le candidat nationaliste de gauche. Quant à son adversaire, le social-démocrate Alan Garcia, «il s'est déjà rempli les poches, comme tous les autres présidents». Allusion à son premier mandat présidentiel entre 1985 et 1990.
«Boom». Comme à chaque campagne électorale, la pauvreté réapparaît dans le discours politique. Officiellement, elle touche 51 % des Péruviens, ceux qui feront basculer le résultat. Alors, les candidats ont fait de la «lutte contre l'exclusion sociale» leur priorité. Les années passées ont prouvé que la seule croissance économique n'avait aucun effet ou presque. Le Pérou, en plein «boom», bénéficie d'une croissance qu'il n'avait pas connue depuis des années, une des plus élevées d'Amérique Latine : 5 %