Pourquoi le président Loukachenko vous laisse voyager ?
Il doit peser le pour et le contre, et trouver que, malgré tout, apparaître comme un libéral sert son image. Mais j'ai été averti que je risquais à mon retour de tomber sous le coup de l'article «calomnie de la Biélorussie», punissable de deux à quatre ans de prison. Ceci pour avoir donné des interviews à la BBC et à des journaux polonais.
Que peut faire l'opposition ?
Nous ne sommes plus sur la place d'Octobre à Minsk [où l'opposition a campé pour dénoncer les falsifications de la présidentielle, ndlr] et nous intéressons moins. Mais nous travaillons dur. Nos buts sont élections libres et démocratie. Pour ça, il faut poursuivre notre campagne contre Loukachenko, gagner des gens à notre cause nous estimons à un tiers nos partisans , organiser des grèves dans les usines. Nous reconstruisons un réseau indépendant de distribution de la presse, et, en province, des journaux non enregistrés apparaissent...
Etes-vous satisfait des sanctions européennes ?
D'après moi, l'interdiction pour nos dirigeants (y compris Loukachenko) de se rendre dans l'UE est efficace. Il n'y a qu'à voir leurs réactions furieuses : ça a été un coup dur. Je suis contre des sanctions visant la population. Mais il faudrait aussi diminuer le prix des visas Schengen d'entrée dans l'UE, qui vont doubler et passer à 60 euros. Pour les Biélorusses qui ont tant besoin de contact avec l'Ouest, c'est hors d'atteinte. Il ne faut pas laisser s'ériger un nouveau mur