Au lendemain de la prise de Mogadiscio, les milices des tribunaux islamiques ont poussé leur avantage plus au nord en se rapprochant de Djohar, le fief des chefs de guerre soutenus par les Etats-Unis, à 100 km au nord de la capitale somalienne. «Nous poursuivrons [...] jusqu'à ce que nous obtenions un Etat islamique», a promis le chef des tribunaux, le cheikh Chérif Ahmed. Roland Marchal, chercheur au CNRS, revient sur la signification de la victoire islamiste à Mogadiscio.
Qui sont les tribunaux islamiques ?
C'est un mélange très hétéroclite, tant au plan religieux que clanique. On trouve des confréries soufies comme la Qadiriya, d'anciens Frères musulmans ou ce qu'il reste du parti islamiste al-Ittihad. Il y a aussi une jeune génération de jihadistes, encadrés par des gens qui ont été formés en Afghanistan, ou des extrémistes du type Takfir wal-Hijra. Mais les tribunaux islamiques ne sont pas monocolores. Leur composition est très influencée par les clans locaux. Les grands commerçants, qui financent les tribunaux, veillent aussi à ce qu'ils ne soient pas exclusivement aux mains des salafistes. L'application de la charia est très variable. Les tribunaux sont traversés par des vraies divergences religieuses, même au sein des radicaux.
Pourquoi les chefs de guerre ont-ils perdu Mogadiscio aussi facilement ?
Ils étaient illégitimes aux yeux de la population et sans coordination entre eux. Le système milicien n'est efficace que lorsqu'il s'oppose à lui-même mais face à une force c