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Libération

Mao, icône ébranlée mais toujours en place

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Une nouvelle biographie élève le Grand Timonier au rang de champion des atrocités, pire que Hitler et Staline.
publié le 9 juin 2006 à 21h44

Pékin de notre correspondant

L'icône mythique du fondateur de la Chine nouvelle avait déjà pris un sale coup avec la publication des mémoires du médecin de Mao, Li Zhisui (1994), de la Famine secrète de Mao (1998) et de plusieurs autres ouvrages d'historiens chinois tels Gao Hua, sortis ces dernières années à Hongkong. Mais Mao. L'histoire inconnue, sorti en France le 8 juin, donne le coup de grâce au mythe du «sauveur de la Chine» en le dépeignant sous les traits d'un monstre. Mao n'était ni un grand philosophe, ni un sage, ni un visionnaire, ni un héros des opprimés, ni même un marxiste, mais un tyran méprisant les paysans, un manipulateur sadique en quête de pouvoir absolu.

Réquisitoire. Les auteurs de cette extraordinaire biographie de quelque 800 pages ne parlent pas à la légère. L'écrivaine Jung Chang et son mari, l'historien britannique Jon Halliday, ont effectué dix-huit ans de recherches. Plus de 360 personnes dans 38 pays ont été interviewées : la fille de Mao, ses infirmières, ses photographes, et même une personne qui lavait ses sous-vêtements. A l'étranger, de nombreuses personnalités ont été sollicitées, dont les ex-présidents américains Ford et Bush. Les écrivains ont consulté de nombreuses archives tant à Moscou qu'à Pékin, Tirana, Sofia ou Londres, visité une vingtaine de «villas secrètes» de Mao et retracé des étapes de la Longue Marche. Leur conclusion : le dictateur était «plus extrême que Hitler ou Staline», car il ambitionnait de bâtir une Chine «habitée