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Interview

«Washington ne sait pas quoi faire de tous ces détenus»

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publié le 13 juin 2006 à 21h47

Longtemps avocat militaire dans l'US Air Force, Scott Silliman est professeur de droit à Duke University (Caroline du Nord), où il dirige un Centre de recherche consacré aux rapports entre droit, éthique et sécurité internationale.

Le gouvernement américain va-t-il fermer Guantanamo ?

Il devrait le faire. Cette prison a peu de valeur en termes de renseignements. En outre, il est probable qu'il y ait là-bas des individus qui n'ont eu aucune implication dans des activités hostiles. Le gouvernement a visiblement décidé d'agir, mais il se heurte au problème de savoir que faire de tous ces détenus, certains étant à Guantanamo depuis quatre ans. A travers le département d'Etat, il fait tout ce qu'il peut pour convaincre les pays d'où sont originaires ces prisonniers de les reprendre. Mais ce n'est pas simple. Il exige de ces pays l'assurance que ces individus seront maintenus en détention, ou au moins étroitement contrôlés. La plupart des pays lui répondent qu'ils n'ont aucune base légale pour garder prisonniers des gens qui n'ont même pas été inculpés par les Etats-Unis... Pour les Américains, ces prisonniers sont des «combattants illégaux», mais cela ne suffit pas à ces pays.

Si Guantanamo est fermé, il restera forcément des prisonniers que le gouvernement américain souhaite garder. Seront-ils envoyés sur des «petits Guantanamo» plus discrets, en Afghanistan ou ailleurs ?

Le problème, c'est que la baie de Guantanamo est un endroit assez unique, d'un point de vue juridique. Le sol re