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Des geôles de Lhassa à Dharamsala

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Deux nonnes bouddhistes, persécutées par les autorités chinoises pour avoir enregistré en prison une cassette de chants tibétains, ont réussi à rejoindre le dalaï-lama en Inde.
publié le 14 juin 2006 à 21h26

Dharamsala envoyé spécial

Allongée sur son lit dans le centre d'accueil pour les réfugiés tibétains fraîchement débarqués à Dharamsala, dans le nord de l'Inde, Rinzin Choekyi est encore sous le choc. «C'est incroyable comme les gens sont libres, ici. Il y a des drapeaux tibétains et des portraits du dalaï-lama partout. Au Tibet, la moindre photo de Sa Sainteté vous vaut un séjour en prison.» «Après ce que nous avons vécu, c'est un moment de grande émotion. Je ne peux pas retenir mes larmes quand je vois une photo du dalaï-lama dans la rue», ajoute son amie Lhundrub Sangmo, elle aussi arrivée samedi de Lhassa, la capitale du Tibet, après un éprouvant périple à travers l'Himalaya.

Respectivement âgées de 37 et 39 ans, ces deux nonnes bouddhistes ont passé douze et neuf ans dans les geôles chinoises. Leur crime : avoir manifesté pacifiquement en faveur de l'indépendance du Tibet, en 1990. Arrêtées à une semaine d'intervalle, elles avaient à l'origine écopé de sept et quatre ans de prison pour «activités contre-révolutionnaires». Mais leur peine a été rallongée de cinq ans en 1993, après qu'elles eurent commis un geste qui leur vaut, depuis, une renommée internationale dans les cercles qui militent pour l'indépendance du Tibet, occupé par la Chine depuis 1950.

Geste de défiance. Rinzin Choekyi et Lhundrub Sangmo appartiennent en effet aux «nonnes chantantes», un groupe de quatorze nonnes qui avaient enregistré des chansons indépendantistes alors qu'elles étaient incarcérées dans la