Menu
Libération

L'UE ne peut pas se passer de la France du non

Article réservé aux abonnés
Si elle n'est pas isolée, comme redouté après le référendum, elle a perdu son rôle moteur dans l'Europe.
publié le 16 juin 2006 à 21h27

Bruxelles (UE) envoyés spéciaux

Les tenants du oui l'avaient agité comme un épouvantail : un rejet du projet de traité constitutionnel allait affaiblir l'«influence» de la France en Europe. Un an après le référendum et alors que les dirigeants de l'UE sont réunis à Bruxelles depuis hier, qu'en est-il ? Selon un sondage publié par Libération le 17 mai, 64 % de ceux qui ont voté oui estiment que cette prophétie s'est réalisée contre seulement 26 % des «nonistes». A Bruxelles, on dresse un bilan tout aussi nuancé : «Le non n'a pas changé le poids géographique, économique, institutionnel de la France», analyse un dirigeant européen, qui requiert l'anonymat. Comme le clamait hier Jean-Claude Juncker, le Premier ministre luxembourgeois, dans le quotidien allemand Die Welt, l'Union européenne peut très bien avancer «sans les Britanniques», mais elle «ne peut pas renoncer à la France». «Ce qui a été affaibli, c'est la capacité de la France à faire bouger les choses», poursuit ce dirigeant européen. Comment l'équipe gouvernementale française pourrait-elle rester crédible au sein des Vingt-Cinq quand elle n'est plus suivie par son peuple ?

«Déshérence». «Si on parle de perte d'influence, il faut savoir qui en a gagné, note un fonctionnaire européen. Or personne n'en a gagné. Il n'y a pas de nouveaux maîtres de l'Europe. Et le problème est justement celui de la déshérence.» Dans le fonctionnement quotidien de la machine communautaire, les forces et les faiblesses françaises sont demeurée