Moscou de notre correspondante
Un corps dénudé dans une flaque de sang, le pantalon baissé à mi-jambes pour montrer le slip : la guerre a beau être officiellement «terminée» depuis longtemps en Tchétchénie, la télévision russe a encore eu recours à une mise en scène particulièrement infamante pour présenter le cadavre du chef séparatiste tchétchène Abdoul Khalim Saïdoullaïev. Selon les récits recueillis auprès des deux forces en présence, ce leader séparatiste peu connu, qui avait succédé au dernier président tchétchène élu, Aslan Maskhadov, tué en mars 2005, aurait été abattu au cours de combats qui ont fait au moins deux morts dans les rangs prorusses. Tué à Argoun, Saïdoullaïev a ensuite été transporté jusqu'au village de Tsentoroï, fief de Ramzan Kadyrov, le nouvel homme fort mis en place par Moscou, pour y être livré aux caméras dans cette pose dégradante, bien destinée à souligner qu'il n'était plus un homme.
Aplomb.
Debout devant le cadavre, revêtu d'un treillis pour l'occasion, Kadyrov a déclaré que ce «terroriste en chef» aurait été vendu pour 1 500 roubles (44 euros) par l'un de ses hommes qui «avait besoin de s'acheter 1 gramme d'héroïne». Saïdoullaïev était revenu depuis peu en Tchétchénie pour y préparer de gros attentats à l'occasion du sommet des chefs d'Etat du G8 prévu mi-juillet à Saint-Pétersbourg, a expliqué le jeune Kadyrov, qui maîtrise désormais très bien l'art d'affirmer avec aplomb n'importe quelle fable de circonstance. Les boïviki (combattants indépen