Lahore (envoyée spéciale)
Depuis la rue déjà résonnent les chants rythmés par le son des tambours. Ils sont une vingtaine de chrétiens pentecôtistes en prière, assis sur la terrasse de la maison du pasteur Imran. Les femmes, la tête couverte d'un voile pour l'occasion, reprennent en choeur les chants des hommes. Certains, en transe, se mettent à hurler leur amour de Jésus dans un brouhaha total. Le pasteur Imran, qui a suivi une formation chez une congrégation américaine, raconte après la séance : «Nous sommes des "New Born Christians". Nous pouvons guérir les gens grâce à nos prières, beaucoup de musulmans s'adressent à nous.»
Le jour, le pasteur et sa famille vont parfois prêcher l'Evangile en faisant du porte-à-porte. «Des amis musulmans se sont convertis, mais ils ne le disent à personne. Ils cachent leur Bible sous leur matelas.» Lorsqu'un chrétien se convertit à l'islam, les journaux couvrent l'événement avec des articles exaltés. Dans le sens inverse, le converti est déclaré apostat et risque gros.
«I love Jesus». Il y a quelques années, une jeune fille musulmane est tombée amoureuse d'un des frères du pasteur. «Mon frère avait tout le quartier à dos, les gens disaient : "Si tu épouses une musulmane on va te faire la peau", se souvient Imran. Ici, on ne se mélange pas, et mon frère ne voulait pas se convertir. Finalement, la fille s'est jetée sous un train.» Pascal, un autre frère du pasteur, comptable dans la restauration, arbore un porte-clés I love Jesus. Il ajoute :