Après l'ivoirité, la congolité. Attendues depuis plus de quarante ans, les premières élections libres de l'histoire du Congo-Kinshasa, prévues le 30 juillet, ont libéré les démons xénophobes couvant dans un pays meurtri par plus de trois décennies de «kleptocratie» du maréchal Mobutu, suivies de deux guerres qui ont causé, directement ou indirectement, 4 millions de morts en dix ans. Vrais-faux complots, intimidations, procès, arrestations, diffamation, émeutes, la campagne se déroule dans un climat délétère. A tel point que les ambassadeurs du Conseil de sécurité de l'ONU, en visite à Kinshasa, ont effectué une mise en garde. «Les discours sur la "congolité" peuvent être très dangereux», a estimé l'ambassadeur français Jean-Marc de La Sablière, qui a appelé à un «apaisement».
Transition. Si la campagne a pris un tour aussi tendu, c'est que les conditions d'un scrutin transparent et serein sont loin d'être réunies. L'est du pays est sillonné par des bandes armées qui ont essaimé à la faveur de la guerre et les 18 000 Casques bleus de la Monuc ne suffisent pas à contrôler un territoire grand comme l'Europe : en Ituri, sept Casques bleus népalais sont retenus en otages depuis le 28 mai par des miliciens. Pour les élections, l'Union européenne va déployer une force, l'Eufor-RDC, principalement constituée de soldats allemands et français, en appui des Casques bleus (lire ci-dessous). Les trois années de transition, au cours desquelles la plupart des anciennes factions ont siégé a