Culiacán (Etat de Sinaloa) envoyée spéciale
L'avion descend lentement sur l'aéroport de Culiacán, à deux heures et demie au nord-ouest de Mexico, sur le golfe de Californie. Sur le tarmac, en bas, on distingue une myriade de petits Cessna privés. Interdit de photographier. Des gros bras montent la garde. Il n'est pas bon être trop curieux dans la ville la plus violente du pays. «Ici, il y a entre 500 et 700 assassinats par an dont 80 % sont des exécutions, dit Enrique Rodríguez, directeur de l'information du journal local El Debate. Un de nos journalistes, Gregorio Hernández, a été tué, un autre, Alfredo Jiménez, a disparu. Ils travaillaient sur les narcos. Depuis, on fait profil bas. Tout le monde sait qu'ici c'est la capitale des narcos. Mais les gens se taisent parce que la police est corrompue, les politiques aussi. Les narcos ont les moyens d'acheter tout le monde.» Pour preuve, des militants des droits de l'homme ont appelé à manifester au centre-ville contre l'impunité dont jouissent les auteurs de meurtres et de rapts. Elle n'a pas fait recette. Dans cette ville sans charme, la trace des narcos est partout : bimoteurs, si pratiques pour faire un saut jusqu'à la frontière du nord ; hélicoptères pour surveiller les plantations de marijuana ou les éventuels mouvements de troupes ; voitures blindées à 100 000 dollars ; villas à colonnes derrière de hauts murs d'enceinte ; bijouteries qui regorgent de montres de valeur et de gourmettes en or ; boutique