Menu
Libération

Le démon ethnique empoisonne l'est du Congo-Kinshasa

Article réservé aux abonnés
publié le 5 juillet 2006 à 21h51

Masisi (Nord Kivu) envoyée spéciale

Sur la colline verdoyante, de petites chèvres sont occupées à brouter. Dans cette région du Nord Kivu, dans l'est de la république démocratique du Congo (RDC), l'herbe est grasse. Des femmes, sourire aux lèvres, sont venues récupérer le précieux bétail, offert par une ONG locale. «Ici, faute de revenus suffisants, posséder un troupeau permet de se constituer une épargne», explique Farongo Mpirikanyi, le président d'Action communautaire pour le développement rural intégré (Acodri). Mais ce don est conditionné : les bénéficiaires ne doivent pas vendre la chèvre tout de suite et faire en sorte d'avoir un petit. Celui-ci doit être donné à une femme d'une autre ethnie. «On organise la solidarité pour diminuer les tensions entre les ethnies», ajoute Farongo.

A trois semaines des premières élections libres en RDC depuis l'indépendance en 1960, le 30 juillet, le démon «ethnique» menace une fois encore le Congo sur son flanc est. Et il faudra bien plus qu'une distribution de chèvres pour apaiser les tensions, concentrées autour des Tutsis et des Hutus congolais, assimilés aux «rwandophones». Au Congo, personne n'a oublié le génocide des Tutsis au Rwanda, l'afflux de réfugiés hutus et la guerre menée sur les terres congolaises par Paul Kagame, président du Rwanda, pour punir les génocidaires.

Laurent-Désiré Kabila, feu le père de l'actuel Président, avait profité de l'appoint rwandais pour renverser Mobutu à Kinshasa. Mais, une fois insta