Rome de notre correspondant
Les carabiniers ont frappé à la porte, hier matin, à l'aube. Puis, sur mandat du parquet de Milan, ils ont passé les menottes au numéro 2 des services secrets militaires italiens (Sismi), Marco Mancini, et placé aux arrêts domiciliaires un général du contre-espionnage. Les deux hommes sont soupçonnés d'avoir participé à l'enlèvement, le 17 février 2003 à Milan, de l'imam égyptien Abou Omar. Réputé proche des extrémistes fondamentalistes, le religieux avait été capturé en plein jour par des agents de la CIA, puis transféré sur la base aérienne américaine d'Aviano, dans le nord-est du pays, avant d'être envoyé dans les geôles du Caire.
Depuis plusieurs mois, les magistrats italiens ont lancé une vaste opération pour faire la lumière sur l'un de ces «vols secrets» qui auraient été mis en oeuvre par la CIA. Selon le parlementaire suisse Dick Marty, auteur d'un récent rapport sur les activités illicites de l'agence américaine, quatorze pays européens (dont l'Italie) auraient collaboré à des transfèrements de terroristes présumés.
Dans le cadre du rapt d'Abou Omar, le procureur milanais Armando Spataro a déjà émis 22 mandats d'arrêt contre des ressortissants américains, dont un à l'encontre de l'ex-chef de la CIA en Italie, Jeff Castelli, pour «enlèvement». Leur procès pourrait débuter à l'automne. Mais les inculpés ont tous quitté la péninsule après l'opération, et l'ex-gouvernement de Berlusconi a refusé d'émettre des demandes d'extradition. Les I