Gaza envoyé spécial
Un regard doux, quelques paroles apaisantes, Ismaïl Haniyeh n'a guère plus à offrir. Mais le Premier ministre étale sans compter ce baume de compassion. Entre tous les dirigeants palestiniens, le chef du gouvernement aura été le seul à braver, ce week-end, la menace qui pèse sur sa vie pour se rendre au-devant des familles touchées par l'offensive israélienne. Les chars viennent juste de se retirer de Beit Lahiya, il visite les champs dévastés par les chenilles, les fermes éventrées par les canons. Un obus explose à Beit Hanoun, il se rend au chevet des blessés à l'hôpital de Shiffa. Un ministère est frappé en pleine nuit par un missile, il arrive sur les lieux en même temps que les secours, flanqué de deux gardes du corps aux yeux embués de sommeil. Face à des fonctionnaires sous le choc ou à des paysans effondrés, il sait faire montre de patience, écoute avec attention, avoue sans crainte son impuissance. Et les habitants de Gaza lui en savent gré. En quelques jours de crise, Ismaïl Haniyeh a définitivement gagné ses galons de Premier ministre auprès de la population palestinienne. D'autant qu'aucun autre cadre du Hamas n'a osé quitter la clandestinité pour montrer un tant soit peu d'empathie avec les souffrances de la rue et que les dignitaires du Fatah en ont, de longue date, perdu l'habitude.
Amère. Ainsi, au moment où le Premier ministre arpentait à pied les ruelles ensablées de Beit Lahiya, samedi, le président Mahmoud Abbas et sa suite négociaient