Santiago de notre correspondante
Manuel Contreras se met à table. L'ancien chef de la Dina, la police secrète d'Augusto Pinochet sous la dictature (1973-1990), accuse le dictateur et son plus jeune fils, Marco Antonio, d'avoir versé dans le trafic de drogue. Des enquêtes journalistiques ont déjà évoqué au Chili des liens entre les Pinochet et le narcotrafic, mais c'est la première fois que ces accusations sortent de la bouche de l'ancien bras droit du dictateur à la retraite. Selon une enquête publiée dimanche par l'hebdomadaire La Nación Domingo, Manuel Contreras a récemment rendu un rapport au juge Claudio Pavez, depuis le pénitencier Cordillera où il purge une peine de 15 ans de prison pour la disparition d'un militant du MIR (Mouvement de la gauche révolutionnaire).
Commerce. Dans ce rapport, il soutient que le complexe chimique de l'armée de terre, situé à Talagante, servait au milieu des années 80 à produire de la cocaïne «noire», impossible à détecter à l'odeur. Une opération autorisée, selon lui, par Pinochet en personne, et à laquelle seraient étroitement impliqués son plus jeune fils, Marco Antonio, et le chef d'entreprise Edgardo Bathich. La production était envoyée aux Etats-Unis et en Europe, où le fameux trafiquant international d'armes et de drogues, Monser al-Kassar, ami de Bathich, se chargeait de la vendre. Quant aux bénéfices, Al-Kassar les déposaient sur les différents comptes bancaires du clan Pinochet ouverts en Europe et aux Etats-Unis.
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