Menu
Libération
Interview

«Des morts accidentelles inexcusables»

Article réservé aux abonnés
publié le 13 juillet 2006 à 21h57

New York envoyé spécial

Andrew Bacevich est professeur d'histoire à Boston University. Ancien colonel, ayant servi au Vietnam, Bacevich est spécialiste des questions militaires, auteur d'ouvrages sur la militarisation de la diplomatie américaine. Il commente les exactions de plus en plus nombreuses attribuées à l'armée américaine en Irak.

Comment expliquez-vous la conduite de l'armée américaine avec les civils irakiens ?

Ces incidents arrivent dans toutes les guerres et, plus qu'au Vietnam, je comparerais l'Irak à la guerre d'Algérie. Ils sont totalement inacceptables et inexcusables. C'est une guerre non conventionnelle, urbaine. Au-delà de ces incidents que je pense rares, c'est toute l'attitude de l'armée américaine face aux civils irakiens qui est en cause. Nos militaires ne les voient pas comme des semblables, mais comme une population inférieure qu'il faut intimider, vaincre par la force. Ils se disent : «Ils ne sont pas comme nous, ce ne sont pas des êtres humains.» Cela explique les très nombreuses morts de civils, dites «accidentelles». L'armée américaine ne les compte pas, mais cela se chiffre en milliers de morts. Cette attitude contre-productive nourrit l'insurrection. Cette guerre n'est pas gagnable militairement et ce n'est pas comme cela que l'on va conquérir les coeurs et les esprits .

Seule la force compte pour la chaîne de commandement ?

Au début, l'idée était de frapper fort pour défaire l'insurrection. Les officiers ont laissé se créer un climat où tout