Deux mois après la signature d'un accord-cadre de paix, la province soudanaise du Darfour est toujours dans une situation dramatique. «Les choses ont même plutôt empiré, confie une source diplomatique. Les rebelles sont plus divisés que jamais, au point qu'ils se combattent entre eux. Quant au gouvernement, il joue la montre et profite de la situation pour nettoyer le terrain.» Depuis février 2003, la guerre opposant des milices arabes soutenues par le Soudan aux mouvements rebelles du Darfour issus des tribus africaines (Fours et Zaghawas) a fait de 180 000 à 300 000 morts, essentiellement des civils, et 2,5 millions de réfugiés et déplacés.
Trahison. Paradoxalement, la signature d'un accord de paix, le 5 mai à Abuja (Nigeria) a ravivé les tensions dans le camp rebelle. Seule une faction du principal mouvement rebelle, l'Armée de libération du Soudan (SLA), a paraphé le texte signé aussi par le gouvernement de Khartoum. Il s'agit de la branche dirigée par Minni Minnawi, qui représente les Zaghawas. Numériquement plus nombreux mais militairement moins chevronnés, les Fours de la SLA, dirigés par Abdel Wahid Mohamed al-Nour, récusent toujours l'accord-cadre, malgré les efforts de médiation. Des combats ont même éclaté entre frères ennemis. Pire, Minnawi, accusé de trahison au profit de Khartoum depuis qu'il a signé l'accord de paix, doit faire face à une rébellion armée au sein de sa propre faction, suscitée par le président tchadien Idriss Déby, très hostile au