Abkhazie envoyé spécial
Ne dites pas aux jeunes Abkhazes que l'enfer, c'est les autres ! Les autres, ils ne rêvent que de les rencontrer. Le soir, à Soukhoumi, sur le bord de mer, ils sont là. En bande de garçons ou de filles, ils attendent l'aventure avec les touristes russes de passage sur la côte. «On s'ennuie, tu comprends ?», soupire Roma, 25 ans, assis sur le rebord de la promenade de la «capitale» de l'ancienne République autonome de Géorgie, qui a proclamé son indépendance, le 23 juillet 1992, quelques mois après l'implosion de l'URSS.
Restaurants flambant neufs
Pourtant, quatorze ans plus tard, le monde ne manque pas sur la promenade ensoleillée. Les touristes russes reviennent en nombre dans l'ancien paradis balnéaire de la nomenklatura soviétique, niché entre le Caucase et la mer Noire. A quelques mètres, les amplis du bar «Elbrouz» crachent à la ronde des beats de pop moscovite, et les jeunes vacanciers s'apprêtent à se mêler aux locaux le temps d'une soirée. Un peu plus loin, des restaurants flambant neufs se disputent la clientèle aisée qui fréquente les hôtels et les sanatoriums récemment rouverts. «La vie est parfaite, nous avons tout», assure Khima, une jolie rousse de 18 ans qui fait le marché. Soukhoumi n'offre plus le visage cruel du paradis perdu défiguré par la guerre avec Tbilissi, qui a fait 10 000 morts de part et d'autre, et jeté sur les routes près de 250 000 réfugiés géorgiens (lire ci-contre). Les chantiers de reconstruction se multipl