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Libération

Tyr tendu...

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publié le 25 juillet 2006 à 22h04

Rachidiyé envoyé spécial

A Tyr, la guerre fait rage, mais personne ne la voit. Elle s'entend et prend forme dans les témoignages des blessés et des déplacés arrivés des collines autour de Bent Jbail, la plus grosse bourgade de la région dont cherche à s'emparer Tsahal, après avoir conquis, dimanche, le village frontalier de Maroun al-Ras, perché à 900 mètres d'altitude. Une guerre à distance, par drones, hélicoptères et bombardiers interposés, contre un Hezbollah plus dispersé que jamais.

Balises et tracts. «Ils sont partout et nulle part, confirme le docteur Hassan Al Fat, chirurgien à l'hôpital Najem, entre Tyr et Rachidiyé. Israël va devoir ratisser chaque colline, chaque caillou. Maroun al-Ras n'est qu'un point sur une carte qui en compte beaucoup d'autres. Si les combats durent, les bavures contre les civils vont se multiplier.» Le médecin s'interrompt. L'un de ses collègues chiites lui ordonne de se taire. A Tyr, l'invisible Hezbollah a ses agents partout. L'Etat hébreu aussi. Les frappes «ciblées» sont guidées au sol par des mouchards. La nuit, les avions larguent des balises lumineuses pour éclairer le port plongé dans l'obscurité totale. Des tracts israéliens jonchent les quais. La ville, vidée de sa population, est ceinturée par les deux camps.

C'est sur les routes que les fuyards et les ambulanciers ont rendez-vous avec l'enfer. Chaque ruban de bitume, chaque piste est pilonnée. Pour gagner cette guerre des collines, les Israéliens cherchent à asphyxie