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Libération

En RDC, avec «Candidate 256» en campagne à Kinshasa

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publié le 27 juillet 2006 à 22h05

Kinshasa envoyé spécial

Eve Bazaiba Masudi, «numéro 256, page 2», parcourt les rues de Mombele, un quartier populaire de Kinshasa. C'est là qu'est née cette candidate à la députation, il y a quarante ans. Les eaux usées coulent dans une rigole creusée dans la terre, au milieu de la rue. Les poules picorent les ordures. Il y a de l'électricité entre deux délestages. «Bonjour, je suis la candidate numéro 256, page 2. N'oubliez pas de voter pour moi dimanche aux élections !» Eve Bazaiba glisse un mot de condoléances à ceux qui viennent de perdre un parent, écoute les doléances, repousse comme elle peut les demandes de branchage, les bakchichs en argot kinois.

Démesure. Eve, c'est un peu mère Courage de la capitale congolaise. Faute d'avoir les moyens de se payer des clips télévisés et des spots sur les radios privées, elle fait du porte-à-porte. «Moi, je ne suis pas bureaucrate. C'est le meilleur moyen de toucher du doigt les vrais problèmes des gens. D'ailleurs, ils n'ont souvent ni radio, ni télé, ni électricité, ni eau. La plupart du temps, c'est la première fois qu'ils voient un candidat en chair et en os. Les autres pensent qu'il suffit de dépenser les 250 dollars de caution et de poser une banderole pour être déjà une autorité. Les banderoles, les gens les décrochent pour en faire des rideaux et des draps de lit. Ils ne les lisent même pas.» Sa technique n'est pas sans malice : «Les gens voteront d'abord pour leur tribu, leur terroir. Comme je