Beyrouth envoyé spécial
Sociologue et politologue, Melhem Chaoul enseigne à l'Institut des sciences sociales de l'université libanaise. Il est spécialiste des relations entre les différentes communautés libanaises.
Les chiites sont-ils tous derrière le Hezbollah ?
Ils l'appuient très fortement dans son combat. Et, tant que les armes parleront, on ne verra aucune manifestation visant à se désolidariser de lui. Ceux qui ne sont pas d'accord doivent se taire ou partir. On le voit avec certains intellectuels et journalistes chiites qui lui sont hostiles mais s'abstiennent de prendre position et de faire la moindre critique. Cela s'explique par une solidarité sociétale et par la peur.
Les sunnites ont un autre comportement...
Une majorité d'entre eux considèrent que les Alaouites syriens [au pouvoir à Damas, ndlr] sont responsables de l'assassinat de Rafic Hariri, et que leur fer de lance au Liban est le Hezbollah. Avant l'attaque israélienne, le conflit était déjà larvé entre chiites et sunnites, malgré la volonté de leurs chefs, Hassan Nasrallah et Saad Hariri, de le dépasser. Les sunnites s'inquiètent de voir la petite et moyenne bourgeoisie chiite s'installer à Beyrouth intra-muros au risque de transformer l'appartenance identitaire de la ville. Car, au Liban, l'identité confessionnelle est liée à la territorialité. Or Beyrouth et les villes côtières forment la territorialité sunnite avec les chrétiens grec-orthodoxes. On était donc dans une situation antagoniste. A présent