Le mouvement de désobéissance civile passe à la vitesse supérieure. Tout cela, pour le moment, dans une ambiance assez pacifique, juge Yvon Le Bot, directeur de recherche au CNRS, qui est en ce moment à Mexico pour organiser une exposition sur les migrants mexicains aux Etats-Unis : «Il faut savoir que la ville de Mexico est tenue par le parti de López Obrador, fait-il observer. Y compris la police municipale.»
Comment qualifier ce mouvement ?
La consigne qui unit les manifestants est purement politique : recompter «bulletin par bulletin, urne par urne». La commission électorale a quatre semaines pour prendre sa décision, et les partisans d'Obrador jugent qu'ils pourront tenir jusque-là. Ces prochaines semaines seront donc décisives.
Ce mouvement est d'abord une manifestation de soutien à Obrador, leader populiste au sens latino, ambivalent, du terme. Son charisme n'est pas fabuleux, mais les couches défavorisées s'identifient fortement à lui. Il a beau tenir sa culture politique du PRI (1), il a une image d'honnêteté qui fait sa popularité. Il vit dans un appartement modeste, il a passé la nuit sous la tente avec les manifestants, comme il l'avait promis... Mais ces derniers marquent également leur ras-le-bol d'être trompés. Ils sont convaincus qu'on leur a volé leur voix. Le précédent des fraudes massives de 1988 est encore dans les mémoires. C'est donc aussi une manifestation contre les élites. Les opposants pensent que Calderón, l