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Mohawks, parcours fléché

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Le territoire de cette tribu indienne est à cheval sur le Canada et les Etats-Unis. Résultat, des tracas absurdes et kafkaïens.
publié le 1er août 2006 à 22h49

Plusieurs fois par jour, Howard Thompson fait la navette entre le Canada et les Etats-Unis. Mais lui voit les choses autrement : il reste sur le territoire d'Akwesasne, celui de ses ancêtres, qui borde le fleuve Saint-Laurent. Un lacet autour du col de sa chemise est attaché par une broche en forme de tête de loup représentant son clan. «Nous étions ici avant la frontière», rappelle cet Indien mohawk. Une frontière tracée sans consultation de son peuple. «Elle a coupé notre communauté en deux provinces, l'Ontario et le Québec, et l'Etat de New York.» Lui-même vit sur l'île de Cornwall, dans l'Ontario. Il est électricien. Il lui arrive de traverser la frontière jusqu'à cinq fois par jour. «Pour nous, c'est comme aller de l'autre côté de la rue, pour aller faire ses courses, aller au restaurant. Nous ne voyons pas cette frontière.» Or, pour aller de l'Ontario aux Etats-Unis, ou même de l'Ontario au Québec, il faut franchir un poste de douane installé de part et d'autre d'un pont enjambant le Saint-Laurent, montrer ses papiers et parfois subir des contrôles tatillons, surtout depuis les attentats du 11 septembre 2001. Pour les Indiens, c'est une entrave insupportable à leurs déplacements quotidiens.

Howard Thompson, 47 ans, est le chef du Conseil de la nation mohawk. Il a été coopté à sa tête par plusieurs familles. Cette instance, qui représente le territoire dans son ensemble, est l'héritière du pouvoir au sein de la tribu avant l'arrivée des «non-na