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Libération

RDC : boycott raté pour Tshisekedi

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La stratégie de l'opposant a été jugée obscure par ses partisans, qui sont allés voter.
publié le 1er août 2006 à 22h49

Kinshasa envoyé spécial

Le «Sphinx de Limete» se tait. Etienne Tshisekedi, l'opposant historique de Mobutu, l'homme qui se présente et est considéré par bon nombre de Kinois comme le «père de la démocratie» au Congo-Kinshasa, est non seulement le grand absent des élections de dimanche, les premières réellement démocratiques depuis l'indépendance, mais en est aussi le grand muet.

A contretemps. A première vue, le bon déroulement des élections présidentielle et législatives du 30 juillet, qu'il avait appelé à boycotter, signe la mort politique du grand homme. A 73 ans, Etienne Tshisekedi a «perdu la main», entend-on souvent à Kinshasa. «Il a reculé devant l'obstacle, analyse un diplomate européen, parce que, dans sa mentalité, le pouvoir se "reçoit", il ne se sollicite pas.» En somme, Tshisekedi se serait trompé d'époque, son compteur est resté bloqué au début des années 90, au temps de la Conférence nationale souveraine, dont les délégués l'avaient désigné Premier ministre, contre la volonté de Mobutu.

Tout au long du processus électoral, Etienne Tshisekedi a en effet réagi à contretemps. Il a d'abord demandé l'année dernière à ses supporteurs de refuser de se faire enregistrer sur les listes électorales. Puis les a appelés à ne pas voter pour le référendum sur la nouvelle Constitution. Le oui est passé haut la main avec une participation élevée, sauf dans les deux bastions de Kinshasa et du Kasaï, la province dont il est originaire, au centre du pays. Il a