Au sortir de la brume, la Muraille déchiquetée court le long des cimes dentelées. On ne la distingue que par ses tours effondrées qui séparent, à distance régulière, ses murs affaissés à peine plus élevés que la taille d'un homme. Elle dévale les abrupts rocheux, toujours plus recroquevillée, en direction de Taolinkou, bordée par la rivière du Dragon vert. De cette fortification illustre bâtie sous les Ming (1368-1644) traversant cette bourgade, il ne reste en contrebas qu'un morne sentier de pierrailles et de briques grises à demi ensevelies et quelques pans de murs. Plus à l'ouest, le rempart reprend son essor, pour se perdre à nouveau sur les hauteurs du relief.
Détruire les maisons. Les villageois de Taolinkou ont bâti petit à petit leurs demeures avec les pierres taillées et les briques anciennes retranchées de ces fortifications destinées à repousser les envahisseurs mandchous et mongols. Même les murets bordant les champs de millet sont maçonnés de pierres prélevées sur la Muraille. «Dans les années 60-70, personne n'y voyait à redire, marmonne un paysan, la houe sur l'épaule. On se servait comme on le voulait de ces matériaux inutiles.» Le pli était pris. Voilà quelques années encore, lorsque le dernier portail en arche de la Muraille s'est écroulé, tout le monde a sauté sur l'aubaine, emportant briques et éboulis.
Mais en 2005 tout a changé. «Les autorités ont exigé que nous rendions les pierres de la Muraille afin de la remettre