Buenos Aires de notre correspondant.
Il est resté impassible. Mieux connu sous le sobriquet de «Julian le Turc», Julio Simon, 66 ans, n'a pas cillé, vendredi, à l'énoncé du verdict : vingt-cinq ans de prison. Cet ex-policier était jugé pour l'enlèvement, les tortures et la disparition d'un jeune couple de militants péronistes, mais aussi pour le rapt de leur enfant en 1978, deux ans après le coup d'Etat militaire et l'avènement d'une des plus sanglantes dictatures d'Amérique latine. Dans la salle du tribunal de Buenos Aires, les organisations des droits de l'homme et les familles des victimes ont applaudi avec retenue ce jugement considéré comme historique. Pour la première fois depuis l'annulation par la Cour suprême, en juin 2005, des lois dites «du pardon» qui garantissaient l'impunité des militaires ou policiers argentins accusés d'avoir éliminé des milliers d'opposants, l'un d'entre eux était finalement condamné pour atteinte aux droits de l'homme. «Ce verdict clôt les nombreuses tentatives pour assurer l'impunité des assassins de la dictature. Cette condamnation juste a été rendue possible grâce aux efforts des survivants, des familles des victimes, des organisations des droits de l'homme et des pressions de la société argentine», affirmait, à la sortie du tribunal, Horacio Verbitsky, président du Cels (Centre d'études légales et sociales), une ONG qui se bat pour que les criminels de la dictature soient jugés.
«La horde assassine». Ancien marin puis sous-officier