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Libération
Interview

«C'est un acte délibéré contre des humanitaires identifiés»

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par Hélène Despic-Popovic et Alice DORE
publié le 10 août 2006 à 22h55

Action contre la faim, dont dix-sept humanitaires ont été tués vendredi dernier au Sri Lanka dans ce que l'organisation considère comme «un crime de guerre», a demandé que des personnalités indépendantes de l'ONU ou de l'Union européenne puissent se joindre à l'enquête officielle promise par le gouvernement sri-lankais. Le directeur général d'ACF, Benoît Méribel, est parti pour le Sri Lanka rendre hommage aux victimes. «Nous voulons savoir qui a tué nos camarades et nous espérons que les sanctions seront à la hauteur. Après le tsunami, nous avons été proches de ce pays. C'est à lui maintenant de nous rendre justice», a déclaré Jean-Christophe Rufin, président d'honneur d'ACF. Il s'explique plus longuement sur cette affaire pour Libération.

Qu'est-ce que ces meurtres ont changé pour les humanitaires ?

Ce crime n'est pas un accident de parcours. Il ne fait pas partie des risques du métier, comme le sont les prises d'otages crapuleuses ou les balles perdues. Il s'agit d'un massacre systématique, qui a pris du temps, puisque les victimes ont été rassemblées et tuées une à une, y compris celles qui ont essayé de s'échapper. C'est un acte délibéré contre des humanitaires identifiés comme tels, une inversion des valeurs, car les valeurs ethniques et politiques ont primé sur les valeurs humanitaires que défendaient nos compagnons.

Voulez-vous dire que ces personnes ont été tuées parce qu'elles étaient majoritairement d'ethnie tamoule ?

Cela a été un facteur aggravan