Tyr envoyé spécial
Les traits tirés, Hassan Abou Zaid entrouvre la porte de la salle de classe. Devant des étrangers, son épouse se dépêche de rajuster son voile. Le couple vit dans cette école depuis le bombardement, il y a vingt-sept jours, de leur maison à Knaissé, un village voisin niché dans la montagne. «Nous n'avions pas assez d'essence pour aller plus loin. Les routes étaient coupées. On a préféré rester là. Je n'aurais jamais pensé que les Palestiniens pourraient être aussi hospitaliers», déclare cet ouvrier agricole aux cheveux blancs.
Le camp palestinien d'al-Buss, bâti à la lisière de Tyr, abrite plusieurs dizaines de familles qui ont fui les combats. Des chiites, pour la plupart, encore tout surpris d'être accueillis par des réfugiés qu'ils regardaient jusque-là avec méfiance, comme tout Libanais. «C'est la première fois que je rentre dans un camp. Jamais je n'aurais pensé qu'ils pouvaient être aussi gentils avec nous», avoue Salima Ali Messelmani, 15 ans, occupée à préparer les repas avec d'autres adolescentes palestiniennes. La nourriture a été apportée par l'ONG française Première urgence. Les habitants ont fourni locaux, draps et matelas.
Liens étroits.«Nous sommes tous des Arabes condamnés au même destin, proclame Abou Ali al-Wazir, un ingénieur palestinien, assis à l'ombre. Nous avons noué avec les Libanais des liens étroits. Nous nous sommes aussi beaucoup affrontés.» Une préoccupation plus terre à terre pousse des déplacés à trou