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Libération

La Catalogne se voit en mère maquerelle

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Cette région d'Espagne, où travaillent 20 000 prostituées, veut légaliser le secteur.
publié le 11 août 2006 à 22h55

Figueras envoyé spécial

«Je n'ai rien à cacher ni à me reprocher. Je suis même l'antithèse du mac. Ici, les filles sont entièrement libres. Elles n'ont pas d'horaires imposés et fixent leurs tarifs à leur guise.» Crâne dégarni, buste d'haltérophile moulé dans un tee-shirt noir, Patricio, un hispano-argentin de 41 ans, est dans le «business» depuis sept ans. Il se présente comme un patron modèle, chéri par ses 30 employés et les quelque 150 prostituées qui travaillent dans les deux clubs de charme qu'il dirige. Sur la nationale II, entre Figueras et La Jonquera, poste frontière avec la France, où les maisons closes sont interdites, le Madam's et le Baby Doll font partie des plus grands bordels du coin.

Nulle part en Espagne la prostitution ne s'exerce à une telle échelle : chaque mois, des dizaines des milliers de clients (entre 10 000 et 15 000 pour le seul Lady's Dallas), surtout des Français faisant la route depuis Narbonne, Montpellier, voire Bordeaux, assouvissent leurs fantasmes sexuels dans ces bordels. A leur disposition, près de 2 000 filles, originaires d'Europe de l'Est ou d'Amérique latine, font le tapin le long de cette route, dans des night-clubs, des petits hôtels ou à l'air libre.

Vide juridique. Comme le Lady's Dallas, le Madam's est une immense discothèque, ouverte tous les jours de 17 heures à 4 heures, avec bars, pistes de danse pour shows érotiques et une cinquantaine de chambres nettoyées avec zèle. Dès l'entrée, le client est abordé par une nuée de