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Libération

Trafic de visas français au consulat de Moscou

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La représentation, qui croule sous les demandes de touristes russes, enquêterait sur trois de ses ex-agents.
publié le 12 août 2006 à 22h56

Moscou de notre correspondante

Le téléphone sans cesse occupé, ou qui sonne dans le vide. Puis, quand enfin quelqu'un décroche, une voix sans appel : «Rappelez l'autre numéro !» Débordé par l'afflux de Russes qui voudraient visiter l'Hexagone, le consulat de France à Moscou semble revenu à des façons toutes soviétiques de gestion de crise. L'attente est montée à deux à trois semaines cet été pour toutes les demandes de visas déposées à Moscou. Des milliers de touristes et d'hommes d'affaires russes qui s'étaient habitués à un traitement en quelques jours ont dû renoncer à leur voyage, faute d'obtenir à temps le visa coïncidant avec leurs billets d'avion. «Ce sont des centaines de millions d'euros qui sont perdus pour la France», s'insurge Michel Tschann, directeur de l'hôtel Splendid à Nice et président du syndicat des hôteliers de Nice-côte d'Azur. «On est en plein Kafka, se désespère-t-il. Rien qu'en TVA, l'Etat français perd dix à vingt fois ce que lui coûterait un agent de plus à Moscou, qui permettrait de délivrer davantage de visas.»

«La moitié des touristes qui viennent chez nous pour réserver un voyage en France se décident finalement à partir pour un autre pays, le plus souvent l'Italie, où ils peuvent aussi combiner programme culturel et plage», témoigne Vladimir Kantorovich, président du groupe touristique russe KMP. Pour une raison simple : à Moscou, le visa italien s'obtient en quelques jours, contre deux ou trois semaines pour l