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Le dernier défi du Premier ministre japonais

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Junichiro Koizumi a a visité le sanctuaire patriotique de Yasukuni — où reposent des criminels de guerre nippons — mardi, jour anniversaire de la reddition du Japon impérial en 1945, une date hautement symbolique en Asie • Séoul et Pékin ont vi
Junichiro Koizumi a honoré mardi, date anniversaire de la capitulation du Japon en 1945, les âmes des morts des guerres de son pays au mausolée patriotique de Yasukuni, à Tokyo. Cette visite controversée est perçue comme une provocation par la Chine et la Corée du Sud, victimes par le passé du militarisme et de l\'expansionnisme de l\'empire du Soleil levant. /Photo prise le 15 août 2006/REUTERS/Michael Caronna (Habits officiels pour la visite de Koizumi au sanctuaire de Yasukuni. PHOTO REUTERS.)
par Michel TEMMAN
publié le 15 août 2006 à 7h00

Mardi matin, un mois avant la fin de son mandat, et pour la sixième fois consécutive, le Premier ministre japonais Junichiro Koizumi a bravé une fois de plus l'interdit du sanctuaire de Yasukuni en y honorant autant ses morts que ses démons. En allant prier de nouveau dans ce haut lieu controversé du patriotisme nippon, Koizumi n'ignore pas que par la force des choses, il honore les quatorze grands criminels de guerre qui y reposent aux côtés de plus de deux millions de Japonais, civils et militaires, morts pour le pays depuis la restauration Meiji (1868) jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. « C'est un peu comme si à Berlin, la chancelière allemande Angela Merkel honorait dans un cimetière de la guerre les tombes des Allemands morts au combat depuis un siècle, dont celles des chefs et généraux SS, Goebbels, Himmler, Rommel…» ironise, à Tokyo, un ancien haut fonctionnaire devenu historien.

Provocation suprême : c'est la première fois que Koizumi, vêtu des habits officiels, se rend à Yasukuni un 15 août, jour anniversaire de la défaite du Pays du soleil levant (15 août 1945.) « L'envie», a-t-il confié maintes fois, l'en démangeait depuis sa prise de fonctions en 2001.

Violentes réactions en Asie
Mardi, les réactions outragées des capitales d'Asie ont aussitôt afflué. La Chine et la Corée du Sud, qui ont beaucoup souffert de l'ex-Japon fasciste et voient en Yasukuni un « symbole glorifiant son passé militariste »