Menu
Libération

La mort du «tyrannosaure» Stroessner

Article réservé aux abonnés
Le général paraguayen est décédé en exil au Brésil • Arrivé au pouvoir par un coup d'Etat, ses 35 années à la tête du pays sont considérées comme les plus brutales depuis l'indépendance, en 1811 •
Dictators Alfredo Stroessner (L) of Paraguay and Augusto Pinochet of Chile ride in an open car through downtown Santiago during a visit by Stroessner in this September, 1974 file photo. Former Paraguayan dictator Stroessner died on August 16, 2006 at a hospital in the Brazilian capital Brasilia, where he has lived in exile since being toppled in a 1989 military coup, the hospital said. REUTERS/Stringer/Files (CHILE) (Septembre 1974 au Chili, Stroessner (à g.) rend visite à Pinochet. REUTERS)
par
publié le 16 août 2006 à 7h00

Il était, avec Augusto Pinochet, l'un des derniers acteurs des années noires de l'Amérique latine, celles des dictatures et de la chasse à mort qu'elles menaient à travers le continent contre leurs opposants. Condamné par contumace pour crimes contre l'humanité et diverses atteintes aux droits de l'homme, l'ancien dictateur du Paraguay Alfredo Stroessner est mort à 93 ans à Brasilia où il vivait depuis 17 ans dans un confortable exil.

Un tiers des Paraguayens a préféré l'exil à la violente dictature
Entré à l'Académie militaire à 17 ans, chef des Forces armées à 36, le général Stroessner est arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 1954 et en est reparti de la même manière, le 3 février 1989. Il est celui des dictateurs de la région qui est resté le plus longtemps au pouvoir: 35 ans et huit mandats présidentiels entachés de fraudes électorales. Ces années sont considérées comme les plus violentes qu'ait connues le pays (5,8 millions d'habitants) depuis son indépendance en 1811. Celui que le célèbre écrivain Augusto Roao Bastos avait surnommé le "tyranosaure" est jugé responsable de 1.000 à 3.000 disparitions et assassinats d'opposants. Deux millions de Paraguayens ont, entre 1954 et 1989, préféré l'exil à un régime aussi absurde que brutal.

Surnommé el Rubio (le blond), ce fils d'un brasseur bavarois et d'une paraguayenne avait instauré un véritable culte de la personnalité et entretenait une «cour» vivant de trafics de drogue ou de contreba