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Libération

Le poison des archives de la Securitate en Roumanie

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publié le 17 août 2006 à 22h58

Bucarest de notre correspondant

«Toi aussi, Mona ?» Le titre du quotidien Evenimentul Zilei («l'événement du jour») exprime la stupeur et le désarroi. Mona Musca, ancienne ministre de la Culture, l'une des rares personnalités politiques roumaines à avoir bâti leur carrière sur la défense des valeurs morales, vient d'avouer avoir collaboré avec la Securitate, la sinistre police politique de Nicolae Ceausescu. En 1977, alors qu'elle enseignait à l'université de Timisoara, Mona Musca avait signé un pacte avec la Securitate, s'engageant à lui livrer des informations sur les étudiants étrangers de son campus. Pour sa défense, elle avance qu'à l'époque la Roumanie accueillait beaucoup d'étudiants en provenance du Proche-Orient. «Certains peuvent être des espions», lui avait confié l'officier qui l'avait recrutée. Malgré ces arguments, la députée libérale est crucifiée aujourd'hui par les médias et la société civile roumaine. Dans une tribune publiée par le journal Cotidianul, le philosophe et éditeur Gabriel Liiceanu est impitoyable : «Madame Musca, pendant des années vous vous êtes drapée dans la pureté en politique. Aujourd'hui, vous n'avez réussi qu'à détruire à la fois la pureté et la politique.»

Démissions. Mona Musca n'est pas la seule visée par la succession fulgurante de «révélations» sur le passé de personnalités de renom. Un autre député, Alin Teodorescu, membre du Parti social-démocrate (opposition), a avoué avoir signé un accord avec la