Beyrouth envoyé spécial
Son visage rond entouré d'un turban et d'une barbe broussailleuse envahit l'écran. Pour s'adresser à ses concitoyens, le cheikh Hassan Nasrallah a choisi, comme à son habitude, l'heure du dîner. Sur le ton à la fois grave et serein d'une causerie au coin du feu, le leader du Hezbollah revendique, ce soir-là, une «victoire stratégique et historique pour tout le Liban et la résistance». Il promet d'indemniser les victimes «dès demain», invoque l'intérêt national pour refuser le désarmement de sa formation et parle avec des accents de chef d'Etat.
Le maître de maison, un professeur d'université, coupe le son, l'air accablé. «Qu'est-ce qu'on va devenir ? On n'a plus qu'à quitter le pays», lance-t-il à son épouse. Assis au balcon de leur appartement d'Ain Rommané, un quartier chrétien du sud de Beyrouth, ils peuvent apercevoir, quelques pâtés de maisons plus loin, des balles traçantes qui décrivent des pointillés dans le ciel noir. Les tirs de joie, version locale du feu d'artifice, prennent fin à 22 heures pétantes. Le militant du Hezbollah est visiblement aussi discipliné que couche-tôt.
«Hégémonie américaine». Le simple fait d'avoir tenu tête à l'armée israélienne pendant un mois permet au Parti de Dieu de crier victoire. Les médias libanais, toutes tendances confondues, saluent ses exploits militaires. Sur les routes encombrées du Sud, des réfugiés qui ont souvent tout perdu arborent son drapeau jaune. «Les chiites sont entrés dans