Au moment de l'ouverture de l'audience, le pays kurde, au nord de l'Irak, s'est arrêté pour cinq minutes de silence. Beaucoup de familles ont installé les photos de leurs «martyrs» face au poste de télévision alors que défilaient les images du second procès de Saddam Hussein. C'est le moment tant attendu. Il y a un peu moins d'un an, le 19 octobre 2005, l'ex-dictateur devait répondre du massacre de 148 villageois chiites. Cette fois, il est dans le box avec son cousin Ali Hassan al-Majid, surnommé «Ali le Chimique», pour l'extermination de près de 200 000 Kurdes en 1988 pendant l'opération «al Anfal» (butin de guerre), ainsi nommée d'après une sourate du Coran. Au cours de cette campagne contre les rebelles kurdes, accusés de complicité avec l'Iran, furent massivement utilisées des armes chimiques, notamment dans la petite ville d'Halabja.
Gaz moutarde.
Déjà inculpés de crimes de guerre et crimes contre l'humanité, Saddam et «Ali le chimique» sont cette fois aussi accusés de «génocide», le crime le plus grave, qui se caractérise par l'intention de détruire entièrement ou en partie un groupe du seul fait de ses croyances ou de ses origines ethniques. Mais le Haut Tribunal pénal irakien, mis en place en décembre 2003 avec l'aide des Américains, n'a guère, jusqu'ici, affirmé sa crédibilité. L'évidence des crimes est pourtant accablante dans ce dossier. Al Anfal ne fut que l'apogée d'une série de massacres, commencés dès 1979 contre les Kurdes, qui se
Saddam Hussein en procès pour le "génocide kurde"
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par Marc SEMO
publié le 22 août 2006 à 7h00
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