Marwan Mohammed est chercheur-doctorant au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip). Il achève une thèse de sociologie sur les bandes de jeunes.
Y a-t-il des frontières en banlieue ?
L'association des mots «frontières» et «banlieue» est très pertinente à plusieurs niveaux, car les rapports sociaux sont fortement spatialisés, et ils le sont de plus en plus. C'est légitime d'analyser les clivages sociaux et les différentes formes de ségrégation, qu'elles soient choisies, stratégiques ou subies à travers les frontières spatiales. Nos émotions collectives sont elles-mêmes très spatialisées. Notre vie quotidienne est marquée par la juxtaposition de relations sociales et de représentations urbaines. Et cela de manière très fonctionnelle, à travers la définition de lieux comme les centres commerciaux ou les espaces de loisirs. Le rapport au quartier se construit à partir d'une sorte de carte mentale qui a des frontières spécifiques. Il est important de prendre en compte le fait que cette carte mentale est alimentée à la fois par le passé et la mémoire collective, et par les liens au présent.
Comment se dessinent ces frontières ?
Dans les quartiers populaires, la question des frontières est articulée de plusieurs manières. Il y a la frontière des mobilités, à la fois urbaine et sociale. On n'a pas tous la même mobilité, selon qu'on est salarié, scolarisé, inactif, jeune ou vieux, croyant ou pas croyant. Il y a une autre dimension, beaucoup plu