Moscou de notre correspondante
«Ceci est un territoire privé. Personne ne répondra à vos questions. Personne. C'est clair ?» Bienvenue au marché Tcherkizovski, le plus grand marché de Moscou, où une bombe a fait 10 morts et 55 blessés lundi dernier. Etendu sur plus de 200 hectares, entre le stade, la piscine et les salles de musculation d'un ancien complexe sportif de l'est de Moscou, ce marché est un invraisemblable enchevêtrement de biens et de gens, où la misère la plus crasse côtoie les millions. Sous la surveillance de gardes omniprésents, en uniforme et en civil, s'étendent les étals demarchands chinois, vietnamiens, kirghiz, azéris, géorgiens...
Sites néonazis. Grâce à ce maillage serré, les deux jeunes Russes, qui avaient déposé lundi un sac rempli d'explosifs devant un café vietnamien avant de s'éloigner rapidement, ont aussitôt été rattrapés, molestés et livrés à la police. Ces deux suspects, âgés de 20 ans, ainsi qu'un troisième complice de 18 ans interpellé peu après, sont de jeunes étudiants qui fréquentaient les sites néonazis sur l'Internet et ont agi «par haine raciale», a très vite conclu le parquet de Moscou. La liste des victimes de l'attentat reflète de fait la diversité ethnique du marché : des Chinois, des Vietnamiens, des Tadjiks, des Ouzbeks, deux enfants tsiganes et aussi deux Russes. Connaissant les milieux d'extrême droite russe, il est pourtant peu vraisemblable que les agresseurs aient posé leur bombe au hasard, en plein coeur du déda