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Libération

Chine: trois ans de prison pour un scoop

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Accusé d'avoir «divulgué des secrets d'Etat», Zhao Yan a finalement été condamné pour fraude.
publié le 26 août 2006 à 23h04

Pékin correspondance

Trois ans de prison ferme, c'est beaucoup. Mais cela aurait pu être bien pire. Car le journaliste Zhao Yan était accusé de divulgation de secrets d'Etat, une accusation qui pouvait lui valoir plus de dix ans de prison. C'est que Zhao Yan avait révélé en 2004 au journal américain The New York Times, pour lequel il travaillait, que l'ancien dirigeant chinois Jiang Zemin allait céder son poste de chef de la commission militaire au nouveau dirigeant, Hu Jintao. En Chine, il est dangereux pour les journalistes de parler des hauts dirigeants sans l'accord du Parti : quelques jours après avoir divulgué ce scoop, Zhao Yan était arrêté. Une campagne pour sa libération avait alors été lancée à travers le monde, soutenue notamment par la Maison Blanche.

Le procès a eu lieu à huis clos en juin, sans que la famille ou les témoins en faveur de Zhao puissent y assister. Le tribunal a finalement jugé l'accusation la plus grave comme non recevable pour manque de preuves. Selon les avocats de Zhao, c'est «une façon de le déclarer innocent» et une «grande victoire, pour [eux] et pour le système judiciaire chinois». Il est en effet très rare en Chine qu'une accusation de trahison de secrets d'Etat soit abandonnée. Mais ce procès à forte connotation politique a tout de même permis aux autorités de sauver la face, en condamnant le journaliste pour une affaire de fraude qui n'a rien à voir avec le New York Times, ni avec la divulgation de secrets. Ava