A La Havane, presque toutes les salles de cinéma projetaient ces derniers jours, en boucle, El Benny, un film qui retrace la vie d'un grand musicien cubain des années 50 : «Ils [le pouvoir] attendent que les 11 millions d'habitants l'aient vu pour changer la programmation, sourit Eliana, 21 ans. Mais il restera toujours une poignée de personnes qui n'auront jamais envie d'y aller...» Pour l'information, à Cuba, c'est exactement la même chose. La plupart des habitants de l'île se contentent des nouvelles officielles qui ne changent jamais leur programmation. Mais, quarante-sept ans après la révolution, des milliers de Cubains saturent sérieusement du Granma et de Juventud Rebelde les deux seuls quotidiens, celui du Parti communiste et celui des Jeunesses communistes, vendus à la criée et de l'unique journal télévisé, diffusé simultanément deux fois par jour sur les quatre chaînes nationales de télévision. Un journal qui ne donne d'ailleurs presque aucune nouvelle de l'état de santé de Fidel, le Comandante, qui a cédé, pour la première fois depuis un demi-siècle, le pouvoir à son «petit frère» Raúl (75 ans) après une opération intestinale, apparemment grave au point, en tout cas, d'annuler les célébrations du 80e anniversaire de Castro, le 13 août.
Système D. Pour échapper aux interminables talk-shows politiques à la gloire de la révolution, beaucoup de Cubains sont devenus les rois du système D. Ils seraient des dizaines de mil