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«Azzam l'Américain», ambassadeur d'Al-Qaeda

En 2006, Libération dressait un petit portrait d'Adam Gadahn, Californien converti à l'islam. La Maison blanche a annoncé l'avoir tué en janvier.
Capture d'écran d'Adam Gadahn dans une vidéo postée sur Internet le 4 octobre 2008. (Photo Reuters)
publié le 5 septembre 2006 à 23h10
(mis à jour le 23 avril 2015 à 16h03)

Article publié dans Libération en septembre 2006.

Dans la vidéo d'Al-Qaeda diffusée samedi, il est présenté sous le nom d'«Azzam l'américain» par Ayman al-Zawahiri, le numéro 2 du réseau terroriste. «Ecoutez bien ce message», enjoint ce dernier, avant que la caméra se tourne vers ce jeune barbu coiffé d'un turban blanc. Un ordinateur apparaît en arrière-plan. «L'ignorance de l'islam, voilà la raison qui pousse les Occidentaux à applaudir lorsque Israël perpétue le massacre total des musulmans au Liban et en Palestine», lance Azzam en anglais, avant de prêcher la conversion à l'islam de tous les non-musulmans, «en particulier ceux qui vivent aux Etats-Unis».

Azzam, qui selon la police américaine dirigerait les opérations de propagande du réseau terroriste, est en réalité un Californien de 28 ans d'origine juive, né Adam Pearlman. Il figure sur la liste des terroristes recherchés par le FBI depuis 2004. Aîné de quatre enfants, il a passé ses jeunes années dans une ferme où sa famille élevait des chèvres, à Winchester, en Californie. La viande était vendue aux boucheries halal de Los Angeles. Son père, Phil Pearlman, musicien de formation, a acheté le ranch après s'être converti au catholicisme dans les années 70. Par la suite, il a changé son nom en Gadahn, dérivé du personnage biblique Gédéon. A 15 ans, Adam, qui a pris lui aussi le nom de Gadahn, choisit de vivre en ville, chez ses grands-parents, à Santa Anna. Chez son grand-père, Carl Pearlman, un urologue de confession juive, Adam s'intéresse aux radios fondamentalistes chrétiennes, d'après les récits rapportés par son entourage. Il finit par se convertir à l'islam à l'âge de 17 ans. «C'est en surfant sur les sites religieux, sur l'ordinateur de ma grand-mère, explique-t-il lui-même, dans un texte posté sur le site Internet de l'University of southern California, que j'ai découvert que les croyances et les pratiques de l'islam étaient en conformité avec mon approche théologique, intellectuelle et logique.»«Ayant été en contact avec des musulmans, je savais bien qu'ils n'étaient pas des terroristes barbares assoiffés de sang, comme veulent nous le faire croire les médias et les télé-évangélistes», poursuit-il.

Devenu Yahya, il prie cinq fois par jour à la mosquée du comté d'Orange et fréquente un groupe de musulmans radicaux d'origine pakistanaise, selon le recteur de la mosquée cité par le Los Angeles Times. Un jour, Yahya frappe le recteur, qui prône la réconciliation entre juifs et musulmans. En 1998, il s'installe au Pakistan, où il épouse une réfugiée afghane. Il serait passé par les camps d'entraînement d'Al-Qaeda. A deux autres reprises depuis octobre 2004, il serait apparu sur des vidéos de propagande du réseau terroriste.